Depuis 2020, Madagascar a engagé un processus ambitieux visant à formaliser une stratégie nationale de bonne gouvernance. Élaborée sous l’égide du Comité pour la Sauvegarde de l’Intégrité (CSI), avec mandat de l’État, la PNBG marque une avancée majeure dans l’orientation politique nationale définie dans la Politique Générale de l’État (PGE) et le Plan pour l’Émergence de Madagascar (PEM). Ce document fondateur positionne la gouvernance comme un levier transversal de développement durable, touchant à la gestion des finances publiques, à la transparence dans le climat des affaires, à la lutte contre le blanchiment de capitaux et à la paix sociale.
La PNBG est le fruit d’un vaste processus consultatif associant l’administration publique, le Parlement, le secteur privé, la société civile, les collectivités territoriales et les partenaires techniques et financiers. Ce dialogue inclusif a permis d’engager un diagnostic approfondi des obstacles à la bonne gouvernance, ainsi que la formulation d’orientations stratégiques concertées. En s’appuyant sur une architecture institutionnelle rénovée – notamment le CSI renforcé par les décrets de 2006 et 2016 confiant au comité la mission d’élaborer et de piloter la stratégie –, la PNBG est structurée autour d’un dispositif clair de mise en œuvre et de suivi-évaluation.
À travers ses axes stratégiques, la PNBG ambitionne d’instaurer une culture de la transparence et de la redevabilité, de renforcer l’État de droit, d’améliorer la gestion des ressources publiques et d’introduire des mécanismes durables de participation citoyenne. Elle prévoit également la réforme des procédures administratives, l’accès effectif à l’information, la gestion proactive des conflits d’intérêt, ainsi que la digitalisation des services publics pour limiter les risques de corruption.
La PNBG se veut un outil cohérent et opérationnel au service du changement. Elle propose une feuille de route structurée, assortie d’indicateurs de résultats et d’un dispositif de suivi participatif. Conçue pour être traduite en actions concrètes, elle représente un socle stratégique non seulement pour l’administration centrale, mais également pour les régions, les communes et les acteurs du secteur privé et de la société civile
GOUVERNANCE PUBLIQUE : CADEG
Gouvernance publique à Madagascar : la mise en œuvre de la CADEG avec le CSI
Depuis la ratification de la Charte Africaine de la Démocratie, des Élections et de la Gouvernance (CADEG) en décembre 2015, Madagascar s’est engagé à promouvoir des standards élevés de bonne gouvernance politique, institutionnelle et sociale, conformément aux principes fédérateurs de la démocratie, des droits de l’homme, de la transparence et de l’État de droit. Cette charte, diffusée par le CSI, incarne un cadre juridique continental qui renforce l’obligation des États d’organiser des élections libres, transparentes et équitables, tout en impliquant activement les citoyens, la société civile et les institutions dans la gouvernance démocratique.
Le CSI joue un rôle majeur dans la traduction concrète de cette charte au niveau national. En tant qu’organe de coordination et de suivi du Système National d’Intégrité, il veille à ce que les engagements contenus dans la CADEG soient intégrés dans les politiques publiques. Le comité souligne notamment la nécessité de renforcer les capacités des partis politiques, du parlement et des organes électoraux pour garantir un pluralisme politique effectif, l’indépendance de la justice et la régularité des transferts démocratiques du pouvoir.
De manière concrète, le CSI a élaboré des outils et des recommandations pour traduire la CADEG dans la pratique nationale : il sensibilise aux bonnes pratiques électorales, à la transparence du financement des partis, à la gestion éthique des campagnes, ainsi qu’à l’accès aux informations publiques. Cet accompagnement inclut des ateliers de concertation, des diagnostics territoriaux et la promotion de réformes institutionnelles adaptées à l’environnement politique malgache.
En intégrant la CADEG à ses missions de gouvernance publique, le CSI affirme sa volonté de combattre les causes profondes de l’inefficacité publique et de promouvoir une culture de responsabilité partagée. Le comité invite les institutions publiques, les acteurs électoraux et la société civile à s’approprier ce cadre normatif pour bâtir une gouvernance inclusive, transparente et démocratique.
PROMOTION DE L’ACCÈS À L’INFORMATION
Promotion de l’accès à l’information : un levier essentiel pour la transparence et la redevabilité
Le Comité pour la Sauvegarde de l’Intégrité (CSI) considère l’accès à l’information comme un droit fondamental et un pilier de la bonne gouvernance. En garantissant à chaque citoyen un accès libre, équitable et régulier aux documents officiels, l’État renforce la transparence de l’action publique et consolide la démocratie. Loin d’être un simple outil administratif, l’accès à l’information constitue un véritable levier de participation citoyenne et un rempart contre la corruption. Un citoyen bien informé devient un acteur à part entière du changement, capable de demander des comptes et de s’impliquer dans la vie publique.
Conscient de cet enjeu, le CSI a développé une approche structurée visant à favoriser une culture nationale de l’information ouverte. Cette démarche s’articule autour d’initiatives de plaidoyer en faveur de l’adoption d’un cadre juridique spécifique et d’une politique nationale de l’information documentaire. Elle comprend également le renforcement des capacités techniques et organisationnelles des structures publiques en matière de gestion et de diffusion documentaire, ainsi que la sensibilisation des parties prenantes : autorités publiques, société civile, médias et citoyens – à l’importance de ce droit.
Dans ce cadre, le CSI a mis en œuvre plusieurs actions phares. En juin 2019, une Journée portes ouvertes a été organisée en collaboration avec le Ministère de la Communication et l’UNESCO, permettant aux centres documentaires publics de démontrer leur rôle essentiel dans la diffusion des savoirs et le service au public. En septembre 2016, à l’occasion de la Journée internationale du droit d’accès à l’information, le CSI et l’UNESCO ont co-organisé un atelier national réunissant décideurs, journalistes, organisations de la société civile et professionnels de l’information. Ces échanges ont permis de renforcer la légitimité de ce droit et de définir des outils concrets pour en favoriser l’application. Par ces initiatives, le CSI contribue activement à inscrire l’accès à l’information au cœur des pratiques institutionnelles et citoyennes, fondant ainsi les bases d’une gouvernance plus ouverte et responsable à Madagascar.
GOUVERNANCE SÉCURITAIRE
Gouvernance sécuritaire à Madagascar : une approche intégrée pour un environnement sûr et durable
La question sécuritaire, notamment dans les régions du sud et du sud-est de Madagascar, dépasse aujourd’hui le simple cadre de l’intervention des forces de l’ordre. Les défis tels que le vol de bétail, les conflits fonciers, la criminalité organisée ou encore les tensions autour des ressources naturelles nécessitent une réponse globale, coordonnée et inclusive. Conscient de ces enjeux, le Comité pour la Sauvegarde de l’Intégrité (CSI) a initié une approche innovante de gouvernance sécuritaire inscrite dans les principes de la Politique Nationale de Bonne Gouvernance (PNBG).
Cette démarche repose sur l’idée que la sécurité ne peut être durable que si elle associe l’ensemble des parties prenantes : autorités locales, services déconcentrés, forces de défense et de sécurité, institutions judiciaires, organisations de la société civile, communautés de base et secteur privé. Dans ce cadre, le CSI a mis en place des ateliers régionaux de concertation destinés à établir un diagnostic partagé de la situation, à identifier les responsabilités de chaque acteur, et à co-construire des plans d’action sécuritaire adaptés aux réalités du terrain. Ces ateliers permettent également d’instaurer un dialogue régulier entre les institutions et les citoyens, favorisant ainsi la confiance mutuelle et la transparence dans la gestion sécuritaire.
Le renforcement de la gouvernance sécuritaire s’inscrit directement dans les objectifs de la PNBG, qui promeut l’intégrité, la redevabilité, la participation citoyenne et l’efficacité des politiques publiques. Cette intégration vise à faire évoluer le modèle sécuritaire vers une approche préventive, basée sur l’état de droit et le respect des droits humains. En coordonnant les efforts des différents acteurs et en mettant en place un système de suivi-évaluation efficace, Madagascar entend créer un environnement où la sécurité n’est plus perçue comme une contrainte, mais comme un levier essentiel du développement économique, social et territorial.
À travers cette vision, la gouvernance sécuritaire devient un pilier de la lutte contre l’insécurité et de la consolidation de l’État de droit, contribuant ainsi à l’objectif plus large de bâtir un pays stable, inclusif et résilient.
GOUVERNANCE ÉLECTORALE
Gouvernance électorale : consolider l’intégrité et la transparence du processus démocratique
La gouvernance électorale constitue l’un des piliers essentiels de l’État de droit et de la démocratie à Madagascar. Elle implique l’organisation d’élections libres, équitables et transparentes, dans le respect des normes internationales et des aspirations citoyennes. Dans ce cadre, le Comité pour la Sauvegarde de l’Intégrité (CSI), en sa qualité d’organe de coordination et de suivi du Système national d’intégrité, accorde une attention particulière au renforcement des mécanismes de prévention et de lutte contre la corruption dans les processus électoraux.
En juillet 2025, le CSI a effectué une visite institutionnelle auprès de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), marquant ainsi une étape clé dans son engagement pour une gouvernance électorale plus intègre et plus crédible. Cette rencontre a permis d’échanger sur les défis structurels auxquels fait face le système électoral malgache, notamment la persistance de pratiques illicites telles que l’achat de voix, le manque de transparence dans le financement des campagnes, ainsi que la nécessité de fiabiliser le fichier électoral. Le CSI a formulé des recommandations précises, parmi lesquelles la requalification des achats de voix comme infraction de corruption relevant de la compétence du Bureau Indépendant Anti-Corruption (BIANCO) et du Pôle Anti-Corruption (PAC), afin d’assurer un traitement judiciaire plus efficace et dissuasif.
Le CSI a également plaidé pour une réforme en profondeur du cadre juridique électoral, l’octroi d’un budget autonome à la CENI, et l’adoption progressive de technologies de sécurisation comme la biométrie pour garantir l’exactitude et l’unicité des inscriptions sur les listes électorales. Par ailleurs, l’institution a insisté sur l’impérieuse nécessité de renforcer la transparence du financement politique, en mettant en place un système clair et contrôlable de déclaration et de suivi des dépenses électorales.
À travers ces initiatives, le CSI réaffirme que la consolidation de la gouvernance électorale est indissociable de la lutte contre la corruption. Garantir un processus électoral intègre n’est pas seulement une exigence technique ou juridique : c’est un engagement envers les citoyens, pour que chaque vote compte réellement et que la confiance envers les institutions démocratiques soit pleinement restaurée. Le CSI poursuivra son action de plaidoyer, de suivi et d’accompagnement afin que la démocratie à Madagascar s’exerce sur des bases solides, équitables et durables.
ÉTHIQUE MILITAIRE
Éthique militaire : restaurer la relation entre la Nation et ses Forces armées
L’éthique militaire constitue l’un des piliers fondamentaux de la stabilité et de la sécurité d’un pays. À Madagascar, le Comité pour la Sauvegarde de l’Intégrité (CSI), en partenariat avec le ministère des Forces armées, a engagé depuis 2011 un programme ambitieux de restauration des valeurs et de la discipline au sein des forces armées. L’année 2011, proclamée « Année de l’éthique et de la déontologie » par le ministère, a marqué un tournant. Un comité de pilotage conjoint, réunissant hauts responsables militaires et experts du CSI, a été institué en mars pour concevoir un cadre d’action structuré, visant à consolider l’intégrité, la cohésion et la mission républicaine des forces armées.
Ce programme ne s’est pas limité à l’adoption d’un code d’éthique formel. Il a reposé sur une méthodologie rigoureuse, débutant par un diagnostic approfondi sur l’état des pratiques et des perceptions au sein des forces. Des enquêtes et missions de terrain, menées dans différents camps militaires autour d’Antananarivo, ont permis de mettre en lumière des défis majeurs : perte progressive de repères, affaiblissement des mécanismes de contrôle interne, pressions extérieures et dilution du sens du service public militaire. Ces constats ont permis de définir des plans d’action concrets à court et moyen terme, assortis d’indicateurs de suivi pour évaluer l’évolution de la culture institutionnelle.
Au cœur de cette démarche, l’objectif est de renforcer la confiance mutuelle entre la Nation et ses Forces armées. Les valeurs de loyauté, de discipline, de sens du devoir et de service à la patrie sont réaffirmées comme socles de l’action militaire. Il s’agit de replacer les Forces armées dans leur rôle républicain : celui de protéger la souveraineté nationale, de garantir la sécurité et la stabilité, tout en demeurant un acteur exemplaire en matière d’intégrité et de respect de l’État de droit. Ce programme illustre la conviction du CSI qu’une armée forte est avant tout une armée juste, respectueuse de ses engagements envers le peuple malgache.
