Page 89 - SNLCCCSI 2020
P. 89

6.  CONCLUSION





                  En  définitive,  l’examen  de  la  mise  en  œuvre  de  la  SNLCC  de  Madagascar  met  en  exergue
                  plusieurs  réalités.  Premièrement,  à  partir  d’une  analyse  SWOT,  il  a  été  constaté  que  de
                  nombreuses activités ont été implémentées par les ILCC membres du SAC. Ces activités avaient
                  pour but de : (i) renforcer les ILCC ; (ii) améliorer le cadre de répression de la corruption et des
                  infractions  assimilées ;  (iii)  prévenir  le  phénomène  en  réduisant  les  opportunités  de
                  corruption ;  (iv)  éduquer  et  informer  les  usagers  afin  de  les  outiller  pour  résister  à  la
                  corruption ; (v) coordonner et harmoniser les appuis internationaux en matière de LCC ; (vi)
                  obtenir des financements nationaux et autonomes pour les initiatives de LCC ; (vii) mobiliser la
                  société civile dans la lutte contre la corruption.

                  L’autre réalité qui découle du processus d’implémentation de la SNLCC est qu’elle a fait face à
                  de  nombreuses  limites.  Sur  le  plan  institutionnel,  ces  limites  sont  constituées  par  le  déficit
                  observé dans l’application des aspects de la loi anticorruption à la création des ILCC : 5 PAC et
                  l’Agence de recouvrement des avoirs illicites sont toujours en attente de création. En outre, les
                  ILCC  existant  sont  encore  loin  d’avoir  une  efficacité  optimale  compte  tenu  des  défis
                  qu’imposent  la  LCC  à  Madagascar.  Le  système  de  répression  des  infractions  est  quasiment
                  handicapé par la non adoption de plusieurs lois et décrets d’applications supposés compléter
                  le cadre règlementaire de la LCC dans le pays conformément aux recommandations des actes
                  juridiques internationaux régulièrement ratifiés par Madagascar (CNUCC, Convention de l’UA
                  sur la prévention et la LCC, etc.). Cette situation a pour conséquence d’impacter négativement
                  la  lutte  contre  la  grande  corruption.  La  prévention  de  la  corruption  en  dépit  des  efforts
                  certains  faits  en  la  matière  ne  satisfait  pas  encore  les  exigences  des  Conventions
                  Internationales approuvés par Madagascar et le cadre légal posé dans la loi anti-corruption.


                  En  effet,  la  déclaration  des  patrimoines  des  personnes  politiquement  exposées  n’est  pas
                  encore obligatoire. L’accès du citoyen à l’information publique n’est pas consacré par un texte
                  de loi. La LCC est entièrement portée par le SAC alors que les ILCC qui la constituent n’ont pas
                  les moyens d’être partout où le besoin se pose. Le pays ne dispose pas encore de politique de
                  lutte contre le blanchiment des capitaux et, le rapport PEFA 2018 met également en exergue
                  de nombreuses insuffisances qui ont des conséquences sur l’objectif de « Rendre la chaîne de
                  recettes  et  de  dépenses  transparente  et  crédibles  de  manière  à  rationaliser  la  gestion  des
                  biens  publics ».  Des  efforts  doivent  encore  être  fournis  en  matière  d’éducation  et  de
                  sensibilisation  du  public.  Ce  constat  se  dégage  du  fait  que  les  activités  RHI  menés  par  le
                  BIANCO  ne  ciblent  que  les  jeunes  scolarisés.  Les  formats  de  sensibilisation  doivent  être
                  améliorés  pour  tenir  compte  de  la  frange  importante  des  populations  rurales  qui  pour  la
                  plupart ne sait ni lire, ni écrire et vit dans les zones difficiles d’accès. L’analyse des rapports
                  fournis indique aussi que les cadres de concertation des PTFs ne sont pas inclusifs, ne traitent
                  pas spécifiquement de la thématique LCC et ne se réunit pas régulièrement. En outre, en dépit
                  des multiples plaidoyers réalisés pour y parvenir, la LCC à Madagascar dépend largement des
                  PTFs. Le SAC n’a pas encore pu sécuriser des sources pérennes et autonomes de financements
                  pour assurer leur fonctionnement.


                                                           90
   84   85   86   87   88   89   90   91   92   93   94