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La  corruption  à  Madagascar  revêt  l’essentiel  des  formes  détaillées  dans  les  instruments
                  juridiques internationaux ratifiés par le pays en matière de LCC (en l’occurrence la CNUCC et la
                  Convention de l’UA sur la prévention et la lutte contre la corruption).


                  A Madagascar, la corruption favorise la commission de nombreuses pratiques contraires à la
                  loi, à la cohésion sociale et au développement économiques comme la violation des droits de
                  l’homme,  la  restriction  des  droits  à  l’éducation  et  à  la  santé  ainsi  que  l’atteinte  à  la  libre
                  concurrence  (aussi  bien  dans  l’accès  aux  marchés  publics  que  dans  le  développement  des
                  activités économiques proprement dites).

                  La corruption favorise aussi le blanchiment des capitaux obtenus de manière illicite et permet
                  de réinjecter dans le circuit légal des revenus généralement obtenus par le détournement des
                  deniers publics, par divers trafics illicites (traite des êtres humains, trafic du bois de rose et des
                  ressources minières, etc.). Se faisant, la pratique a des conséquences économiques lourdes sur
                  le développement du pays qu’elle prive d’importants revenus nécessaires au financement des
                  politiques  d’éducation,  de  santé,  etc.  En  effet,  illustrant  les  affres  du  blanchiment  dans  le
                  secteur  minier,  SAMINFIN  révèle  que  de  nombreuses  sociétés  de  ce  secteur  réalisent  leurs
                  transactions  financières  en  liquide.  Certaines  ne  possèdent  même  pas  de  compte  bancaire,

                  alors  que  celui-ci  est  l'un  des  moyens  pour  tracer  l'origine  fonds  qu’elles  utilisent. La
                  problématique  du  blanchiment  des  capitaux  et  du  financement  du  terroriste  est  assez
                  préoccupante à Madagascar dans la mesure où selon le rapport d’octobre 2018 du GABAOA
                  (2), le pays figure toujours parmi les pays à risques en matière de blanchiment. Il devient donc
                  urgent  de  veiller  à  ce  que  le  pays  ne  soit  pas  la  plaque  tournante  du  blanchiment  dans  la
                  région et cela n’est possible que si le cadre juridique y afférent est complété et les institutions
                  destinées à lutter contre cette pratique (en l’occurrence le SAMIFIN et les PAC) renforcées.


                  Le  phénomène  est  favorisé  par  les  causes  ci-dessus  énumérées.  Ces  causes  trouvent  leur
                  fondement  dans  certaines  réalités  qui  se  sont  progressivement  ancrées  dans  la  mémoire
                  collective  d’une  frange  importante  de  la  population  malgache  comme  la  crainte  de
                  l’administration  observée  chez  certains  citoyens.  Cette  réalité  héritée  de  la  colonisation  a
                  favorisé  l’essor  des  intermédiaires  au  sein  des  services  publics  et  annihilé  la  capacité  des
                  malgaches à revendiquer leurs droits lorsqu’ils sont victimes de la corruption dans les services
                  de  l’administration.  En  outre,  l’on  note  que  l’ignorance  des  lois  et  des  procédures
                  administratives ainsi que l’absence des standards de service (en l’occurrence ceux relatifs aux
                  délais de traitement des dossiers) ont contribué à favoriser l’essor de la corruption au sein de
                  l’administration malgache.












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