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-   La  non  régulation  du  statut  des  privilèges  des  hautes  personnalités  (immunités,
                         privilèges  de  juridictions)  impliquées  dans  les  affaires  de  corruption  et  infractions
                         assimilées .
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                  Ces manquements ont un impact majeur sur la lutte contre la grande corruption et traduisent
                  des insuffisances dans le processus d’internalisation de nombreuses dispositions de la CNUCC
                  (notamment ses recommandations relatives à l'internalisation des infractions assimilées à la
                  corruption) et de la Convention de l’UA sur la prévention et la lutte contre la corruption.


                      2.2.3.  Les faiblesses dans la prévention de la corruption

                  La déclaration de patrimoine est l'approche la plus appropriée pour prévenir l'enrichissement
                  illicite. Les services compétents ont certes enregistré plus de 12500 déclarations de patrimoine
                  pendant la période sous revue mais ce chiffre bien qu'encourageant pour le processus de LCC
                  est loin de concerner toutes les Personnes Politiquement Exposées (PEP) de Madagascar. De ce
                  fait,  l'une  des  faiblesses  de  la  mise  en  œuvre  de  la  SNLCC  reste  la  faible  publication  des
                  déclarations de patrimoine.


                  L'accès  à  l'information  est  considéré  comme  un  droit  fondamental  parce  qu'il  est  une
                  extension de la liberté d'expression. L'objectif de l'accès à l'information est de consacrer la
                  possibilité pour les citoyens de disposer de l'information officielle et nécessaire pour exercer
                  utilement leurs droits démocratiques, accéder (et en cas de besoin revendiquer) au service
                  public  de  qualité  et  participer  au  processus  décisionnel  en  toute  connaissance  de  cause.
                  L'accès à l'information permet de lutter contre la corruption dans la vie publique, dans l'accès
                  au service public de base et outille les citoyens afin qu'ils puissent protéger leurs droits et en
                  jouir conformément à la Constitution. Ainsi considéré, l'absence d'une loi sur la transparence
                  et l’accès à l’information constitue un manquement observable dans la mise en œuvre de la
                  SNLCC. En effet, sans cette loi, il n'existe pas de disposition contraignante obligeant l'agent
                  public à mettre l’information publique à la disposition de l’usager et à répondre auprès du
                  citoyen ordinaire de la qualité du service public délivré.


                  Actuellement, la mise en œuvre de la SNLCC est entièrement portée par le SAC. Les secteurs
                  prioritaires y participent mais de manière secondaire. Cette réalité met en exergue la faible
                  appropriation  de  la  SNLCC  par  les  secteurs  dans  un  contexte  où  ils  devraient  être  plus
                  impliqués dans les efforts anti-corruption qui sont fournis. Cette autre faiblesse de la mise en
                  œuvre de SNLCC se justifie par l'absence des stratégies sectorielles (stratégies de lutte contre
                  la  corruption  dans  chaque  secteur  et  conforme  aux  spécificités  et  aux  réalités  de  chacun
                  desdits secteurs).


                  Les  pratiques  de  blanchiment  des  produits  du  crime  évoluent  et  se  sophistiquent  assez
                  rapidement.  Cependant,  l'actuelle  SNLCC  de  Madagascar  n'est  pas  capable  d'adresser  cette


                  29 La qualité des personnes objet d’enquêtes a permis de constater l’importance des nouvelles dispositions de la loi n°2016-20 qui
                  ont  rendu  inopposables  les  immunités  et  privilèges  de  juridiction  au  niveau  de  l’enquête  préliminaire.  Ceci  a  concerné  entre
                  autres, 3 membres du Gouvernement, 23 hauts fonctionnaires nommés par décret, 13 dirigeants des sociétés et entreprises (PCA,
                  DG, PDG, etc.), 9 fonctionnaires d’administration territoriale, 88 élus de circonscription territoriale, 32 éléments des forces de
                  maintien de l’ordre, qui ont été entendus en 2018 dans le cadre des affaires les mettant en cause.

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