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•  Le caractère non permanent du tribunal militaire : cette juridiction compétente
                             pour connaitre des infractions impliquant les militaires n’a pas siégé depuis 2008.
                             Les  conditions  de  sa  réactivité  sont  compliquées  du  fait  des  lourdeurs
                             administratives  (désignation  et  notification  annuelle  des  assesseurs).  Or,  cette
                             juridiction  étant  importante  pour  la  poursuite  des  militaires  y  compris  ceux
                             impliqués dans des infractions de corruption, le fait qu’elle ne soit pas fonctionnel
                             favorise l’impunité chez les militaires fautifs de corruption. Les militaires coupables
                             d’infractions sont certes poursuivis par les juridictions civiles mais cette disposition
                             demeure provisoire et pas assez efficace au regard des enjeux de reconstruction
                             de la confiance au sein de la population après plusieurs années de crise politique.

                      -   La faible redevabilité des Personnes Politiquement Exposées (PEP) : Les personnes
                         politiquement exposées  restent encore à l’abri d’une surveillance des ILCC dans la
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                         mesure  où  aucune  disposition  ne  leur  impose  de  déclarer  leurs  biens,  avoirs  et
                         patrimoine au début et au terme de leur mandat. Cette situation limite les résultats
                         des efforts fournis pour lutter contre l’impunité de cette catégorie de citoyens dans la
                         mesure où vis-à-vis d’elle, elle laisse une marge de manœuvre très faible aux ILCC.

                      -   La  faible  appropriation  de  la  LCC  aussi  bien  par  l’absence  des  stratégies  de  LCC
                         propres à chaque secteur que par l’inexistence (à quelques exceptions près) des CAC
                         dans la plupart des ministères et administrations locales. Cela a pour conséquence de
                         faire en sorte que la LCC ne soit pas considérée comme une priorité pour ces secteurs
                         puisqu’elle  est  uniquement  portée  des  organes  constituant  le  SAC  et  les  ministères
                         n’en sont pas redevables. De ce fait, comme les organes du SAC n’ont pas les moyens
                         de se déployer partout en même temps, leur capacité à agir reste très faible ce qui
                         impacte a négativement impacté la mise en œuvre de la SNLCC.

                      -   La  faible  protection  des  témoins  et  des  dénonciateurs  de  la  corruption :  En  l’état
                         actuel, la législation malgache n’est guère favorable aux dénonciateurs et témoins des
                         actes de corruption. Les textes existent précisent simplement que le dénonciateur de
                         la  corruption  doit  être  protégé  sans  expliquer  comment  cette  protection  devrait
                         s’organiser. Un avant-projet de loi sur la question est en cours de finalisation ce qui
                         pour le moment expose encore ces catégories d’acteurs déterminants pour la LCC aux
                         représailles.

                      -   La faible visibilité de la mise en œuvre de la SNLCC : D’après les acteurs consultés lors
                         de cette mission, une majorité importante des populations ne perçoit pas la différence
                         apportée par la mise en œuvre de la SNLCC parce que la communication faite autour
                         de  la  LCC  ne  produit  pas  encore  les  effets  escomptés.  En  effet,  l’approche  de
                         communication des ILCC sur les initiatives anticorruption ne contribue pas à mobiliser
                         les parties prenantes : Les rapports produits renseignent plus sur les activités de ces



                  46 Les PEP renvoient aux Personnes exerçant ou ayant exercé une haute fonction publique ou encore les personnes associées à de
                  telles personnes (proches collaborateurs, membres de leur famille, etc.).

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