Page 82 - SNLCCCSI 2020
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L’exemple de Madagascar a démontré que la grande corruption a un impact particulièrement
négatif sur l’atteinte des objectifs de développement des pays parce qu’elle est transversale.
Elle y touche tous les secteurs (au-delà des 9 secteurs prioritaires identifiés par la SNLCC) et,
du fait des détournements massifs, réduit considérablement les capacités du pays à atteindre
les objectifs fixés notamment en matière de santé, d’éducation, de sécurité, de justice de
conservation/exploitation des ressources naturelles.
Il est également ressorti des échanges avec les acteurs sociaux consultés dans le cadre de
l’évaluation à mi-parcours de la SNLCC que la grande corruption a largement contribué aux
multiples crises socio-politiques que le pays a connu depuis le début des années 2000. En effet,
face à l’incapacité des dirigeants à satisfaire les demandes sociales en termes d’amélioration
de la qualité de vie et de l’accès à la richesse, à la santé et à l’éducation, une crise de confiance
est né entre les dirigeants et les populations. Selon les participants aux ateliers d’appui à
l’évaluation à mi-parcours de la SNLCC, la grande corruption a favorisé la restriction des
investissements du budget national pour améliorer les conditions de vie des plus pauvres. De
ce fait, elle est au moins indirectement l’une des causes des crises politiques qu’a traversé
pays depuis le début des années 2000.
Compte tenu des risques que comporte cette forme de corruption sur le succès de la PGE/IEM
et PEM, il est impératif que d’une approche spécifique la prévenir et la soit intégrée dans la
SNLCC.
- Mettre en place une stratégie/approche de lutte spécifique contre la grande
corruption
La lutte contre la grande corruption doit faire l’objet d’un traitement particulier. Cela se justifie
par le fait qu’elle est source de plusieurs crises sociopolitiques dans le pays et qu’elle a un
impact considérable sur l’économique de Madagascar. Cette stratégie doit s’appuyer sur des
éléments existants et, au fur et à mesure des résultats obtenus, être étendue pour l’adapter
aux différentes évolutions à venir dans le pays. En suivant cette logique, la stratégie/approche
de lutte contre la grande corruption doit intégrer :
• L’accroissement de l’utilisation de l’outil itoroka (plateforme de dénonciation en ligne
gérée par le BIANCO).
• La révision de la procédure de saisine de la Haute Cour de justice qui, en l’état actuel,
ne peut être saisie qu’avec une approbation des 2/3 des députés. Cette disposition,
dans les conditions actuelles de Madagascar, pourrait constituer un frein à la lutte
contre la corruption.
• Compléter le SAC avec la création d’une Agence de recouvrement des avoirs illicites
cela permettrait non seulement d’appliquer les recommandations de la CNUCC mais
aussi de rendre effectif le recouvrement des avoirs illicites et de réinvestissement des
avoirs récupérés dans le financement des politiques de l’État.
En définitive, l’objectif de la stratégie/approche de lutte contre la corruption est d’assurer
l’égalité de tous devant la loi et contribuer à lutter contre l’impunité qui fait partie des causes
de la corruption à Madagascar.
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